vendredi 17 décembre 2010

L'Auberge Rouge - Honoré de Balzac


J'ai lu ce petit livre de Balzac complètement par hasard ce matin (en fait il était pour mon petit frère, mais... pas pu résister ^^'') , et même s'il m'a laissé assez perplexe, il m'a malgré tout beaucoup plu.

Au cours d'un repas auquel est invité le narrateur, son hôte, un banquier allemand, raconte une histoire. Celle de deux jeunes Français et d'un négociant allemand, arrêtés pour une nuit dans une auberge, près du Rhin. Au matin, le négociant est retrouvé assassiné. Étrangement, le récit semble également provoquer un curieux émoi chez l'un des convives...

Voilà un livre très court, une soixantaine de pages, mais dans lequel Balzac campe personnages et décors en quelques lignes, parfois un peu plus longuement, mais toujours avec beaucoup d'efficacité et une prose très agréable à lire. J'avoue que après avoir déjà lu quelques romans de Balzac, voir le récit s'acheminer au début assez manifestement vers le développement d'une intrigue policière m'a beaucoup interpellée. Mais en réalité il est moins question ici de mystère à résoudre (d'ailleurs ce n'est même pas réellement un mystère) que d'observer les réactions des personnages qui écoutent l'histoire (ce à quoi aident les fréquents retours à la situation d'énonciation) et le cas de conscience du narrateur qui se retrouve confronté à un véritable dilemme moral.


C'est là me semble t-il tout le génie de Balzac de mélanger de la sorte les genres, alliant à la fois des ressorts empruntés au roman policier, des personnages tragiques ou pathétiques (je ne pense pas que l'on puisse rester indifférent au sort du jeune Prosper Magnan.) et des réflexions d'ordre moral ou philosophiques. Tout cela peut même paraître déstabilisant, puisque le récit finalement est aiguillé au cours de la lecture dans une toute autre direction que celle qui était attendue au début.

D'autre part, Balzac nous renvoie à nouveau au grand ensemble de la Comédie Humaine, en faisant apparaître ici le personnage de Taillefer, le père de la jeune Victorine Taillefer, que l'on retrouvait à la pension Vauquer dans le Père Goriot. Pour ma part, j'apprécie énormément cet effort de Balzac de faire se répondre entre eux tous ses romans, qui de la sorte s'insèrent tous dans un ensemble cohérent et distillent d'un livre à l'autre la description d'une société dans laquelle évoluent ses personnages, les colorant d'une équivocité qui ajoute à l'idée de réalisme recherchée par l'auteur. Et ce même s'il ne rechigne pas à mettre en scène des éléments qui frôlent l'irrationnalité (l'espèce de délire homicide de Prosper qui semble vouloir agir sur une impulsion presque inconsciente, par exemple.)

En bref, un livre très court, mais riche, très bien écrit et admirablement mené par le grand romancier.

2 commentaires:





  1. Je ne connaissais pas du tout, mais ça a l'air intéressant (en plus j'aime bien Balzac^^), je note le titre! Bisous!






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  2. Wi, en plus ça se lit super vite (c'est pour ça qu'on peut le lire par hasard comme je l'expliquais à Aiwë, XD)






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