lundi 26 décembre 2011

Le Fantôme de l'Opéra - Gaston Leroux


C'est le triomphe pour la jeune cantatrice Christine Daaé. Elle jusqu'alors inconnue, voilà qu'elle a brillé de mille feux et bouleversé la salle entière dans son interprétation de Faust, elle qui ne faisait que remplacer la Carlotta! Mais tout cela ne semble pas étranger aux événements inexplicables et tragiques qui frappent l'Opéra et au mystérieux inconnu qui force Christine Daaé à se refuser à la cour assidue que lui fait le jeune vicomte Raoul de Chagny. Morts tragiques, voix mystérieuses et tours de passe-passe... tout cela semble bien être l'oeuvre du Fantôme de l'Opéra...

J'ai entamé cette lecture sur un coup de tête pur et simple (pour la petite histoire, je suis tombée à la BU sur un dictionnaire du Fantastique, je l'ai ouvert par hasard sur la page du Fantôme de l'Opéra, le résumé m'a charmée, et j'ai décidé de le lire aussitôt. Bref, du pur caprice.) Etant donné que je ne savais rien de l'histoire, n'ayant jamais vu aucune des adaptations, et que je suis toujours naturellement très bien disposée à l'égard de Gaston Leroux (qui est quand même un de mes auteurs préférés) j'ai donc entamé cette lecture sans a priori.

Autant dire tout de suite que la découverte a été fort sympathique, même s'il ne figurera sans doute pas tout de suite au rang de mes Leroux préférés. Je dis « pas tout de suite », car je n'ai pas été immédiatement prise par l'histoire et le début, qui met un peu de temps à se mettre en place, et qui fait surtout figure de compilation de témoignages rassemblés par l'auteur (une mise en scène que Leroux semble affectionner, car ce n'est pas le premier roman où je le vois la mettre en œuvre, ce qui est peut-être normal pour un journaliste ^^) est surtout consacré à la mise en place de l'atmosphère d'angoisse et de suspicion qui pèse sur l'Opéra. Sans doute cette juxtaposition de différentes voix a dû trop hacher le récit pour me frapper particulièrement, car cette atmosphère m'a tout d'abord en grande partie laissée indifférente, malgré quelques scènes qui font un peu froid dans le dos. Je suppose que l'effet de dédramatisation était voulu cela dit, car quelques passages assez drôles se chargent aussi d'alléger l'ambiance. Mais j'ai tout de même trouvé le début un peu longuet.

Heureusement, l'intérêt s'éveille assez vite avec le croisement de deux intrigues mettant en scène le Fantôme, d'abord les déboires des nouveaux directeurs de l'Opéra, qui refusent catégoriquement de croire à l'existence du Fantôme, préférant se croire victimes d'une mauvaise blague, et qui vont en subir les conséquences, mais également, et de façon plus présente, l'idylle contrariée entre Raoul et Christine, et l'ombre du Fantôme qui plane entre les deux protagonistes: le comportement de Christine qui nous semble de façon incompréhensible osciller entre la crainte, l'horreur et la pitié, et le jeune vicomte qui ne sait plus parfois que penser du comportement de sa bien-aimée. On assiste encore une fois à une amourette mignonne comme nous les fait si bien Leroux, mais c'est vraiment le personnage du Fantôme qui porte toute l'intrigue et qui tient en haleine.

Le Fantôme qui est un personnage très ambivalent, et fascinant, tour à tour impitoyable, terrifiant, émouvant. Durant toute la première partie du livre, il est essentiellement une ombre, une voix, un nom murmuré avec effroi ou avec respect, mais ses apparitions sont trop brèves, trop voilées pour que même le lecteur sache bien s'il a été victime d'une illusion. Petit à petit, au fur et à mesure que l'on pénètre le secret de Christine Daaé et le lien qui l'attache au Fantôme, sa présence se fait plus concrète, sa menace plus présente. Et enfin, lorsque l'on arrive à l'apogée de l'horreur, le personnage trouve encore le moyen de nous perdre dans une ambivalence qui nous interdit de le détester franchement malgré ce qu'il a causé et ce qu'il fait subir à Christine et à Raoul. On est partagé, tout comme Christine elle-même, entre l'horreur pour ce personnage, et une pitié irrépressible, en sachant, comme il le dit lui-même, qu'il ne lui a manqué que d'être aimé pour être bon.

Bref, les émotions d'abord assez vagues gagnent en intensité tout au long du roman, autant parce que l'on s'imprègne peu à peu de l'angoisse que fait régner le Fantôme de l'Opéra, que parce que l'on comprend petit à petit l'ambivalence de ce personnage et que cela nous le rend à la fois antipathique et touchant. Ce personnage reste d'ailleurs fort énigmatique, même à la fin, lorsque le voile est levé sur à peu près tous les mystères, on n'a toujours pas l'impression de savoir tout ce qu'il y a à savoir sur lui.

Pour conclure, je disais qu'il n'entrerait pas tout de suite dans les rangs de mes Gaston Leroux préférés, mais je me réserve une relecture, car malgré un début qui m'a paru un peu au dessous du reste, j'ai été happée par l'action de la seconde partie, et très émue par la fin. J'ai également très envie de voir une des adaptations qui ont été faites de ce roman, et je vais essayer d'en voir une d'ici peu!

Et une petite (enfin longue) citation pour terminer (c'est un très beau passage du livre où j'ai versé des larmichettes ^^)
"..Elle m’attendait toute droite, vivante, comme une vraie fiancée vivante, sur son salut éternel… Et quand je me suis avancé, plus timide qu’un petit enfant, elle ne s’est point sauvée… non, non… elle est restée… elle m’a attendu… je crois bien même, daroga, qu’elle a un peu… oh  ! pas beaucoup… mais un peu, comme une fiancée vivante, tendu son front… Et… et… je l’ai… embrassée  !… Moi  !… moi  !… moi  !… Et elle n’est pas morte  !… 
[...]
… Oh  ! daroga, j’ai senti ses larmes couler sur mon front à moi  ! à moi  ! à moi  ! Elles étaient chaudes… elles étaient douces  ! elles allaient partout sous mon masque, ses larmes  ! elles allaient se mêler à mes larmes dans mes yeux  !… elles coulaient jusque dans ma bouche… Ah  ! ses larmes à elle, sur moi  ! Écoute, daroga, écoute ce que j’ai fait… J’ai arraché mon masque pour ne pas perdre une seule de ses larmes… Et elle ne s’est pas enfuie  !… Et elle n’est pas morte  ! Elle est restée vivante, à pleurer… sur moi… avec moi… Nous avons pleuré ensemble  !… Seigneur du ciel  ! vous m’avez donné tout le bonheur du monde  !… "

En attendant, un peu de musique: la version de la chanson The Phantom of the Opera, par Nightwish ^^!

Une lecture qui compte également pour les Classiques au Coin du feu!

3 commentaires:

  1. Mon livre coup de coeur, j'ai déja envie de le relire ^^ J'avais eu beaucoup de plaisir à le lire et à en faire la critique ^^ J'ai Le fanteuil hanté dans ma pal, j'ai hâte de voir ce que celui donne

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  2. J'ai lu le Fauteuil Hanté il y a deux ou trois ans, et je me souviens l'avoir trouvé très bizarre. Il faudrait que je le relise d'ailleurs, parce que je n'en garde pas un excellent souvenir, mais je ne l'ai pas lu dans de très bonnes conditions non plus, donc je pense que cela joue aussi beaucoup! J'espère qu'il te plaira en tout cas ^^!

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  3. Mon livre préféré au monde ! Je suis littéralement amoureuse du Fantôme depuis que je suis tout petite et le livre de Gaston Leroux n'a fait qu'aggraver mon cas -_-"
    J'aime profondément ce livre et son ambiance, son cadre, ses références. Et puis Erik est vraiment un personnage fascinant, qui me bouleverse au plus haut point, si bien que je lui pardonne sans hésiter ses accès de colère....Haaa ce livre !
    J'aime aussi beaucoup la chanson reprise par Nightwish.

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