mardi 13 mars 2012

Les Chroniques des Crépusculaires - Mathieu Gaborit



Le baron de Rochronde vient de mourir. Fort déçu de son fils aîné, Agone, qui a préféré renoncer à la baronnie pour s'attacher à l'ordre des Itinérants, il lui demande toutefois dans son testament d'accomplir pour lui une dernière chose: passer six jours au collège du Souffre-Jour. Au terme de cette période, il sera libre de renoncer pour toujours à son héritage. Agone accepte, sans se douter que ce qu'il va découvrir au Souffre-jour risque d'ébranler fortement ses convictions, et de réveiller un passé qu'il préférait profondément enfoui...

J'ai été intriguée, il y a quelques mois, en suivant la discussion avec Mathieu Gaborit sur Livraddict, par sa façon assez particulière d'évoquer la fantasy, et curieuse, j'ai immédiatement mis la main sur ce livre, histoire de faire connaissance avec un univers qui me semblait original et intéressant. De ce côté là, je ne suis pas déçue, même si j'attendais peut-être un peu plus de ce roman. Quelque chose me chiffonne, et m'a empêchée d'apprécier véritablement l'ensemble de ma lecture, mais impossible de savoir quoi exactement.

Une fois n'est pas coutume, je vais commencer par les points négatifs et ce qui m'a un peu chagrinée tout au long de ma lecture. J'ai trouvé surtout que dans l'ensemble beaucoup d'éléments du récit s'enchaînaient assez rapidement, au point que j'avais parfois du mal à me rappeler du fil rouge de l'intrigue, mis en place dès la première partie mais relativement laissé de côté dans la suite (au point de n'être quasiment plus évoqué jusqu'à la toute fin). De ce fait, on se demande un peu où va le personnage principal qui semble beaucoup, pendant un moment, se faire ballotter de côté et d'autre sans jamais rester en place très longtemps.

Par ailleurs, d'autres personnages vont et viennent eux aussi, mais un peu trop rapidement parfois pour que l'on ait véritablement le temps de s'y attacher. Même les personnages récurrents ne m'ont pas particulièrement frappée, en dehors peut-être de Lerschwin, pas parce qu'il est sympathique, mais au contraire parce que son côté retors et rusé lui donne un relief que j'ai eu du mal à trouver chez d'autres personnages (par contre, j'ai adoré Malicène, mais j'ai regretté qu'on le voie si peu.). En tout cas, je n'ai pas vraiment réussi à apprécier Agone, il m'est resté assez indifférent dans l'ensemble. Dans la mesure où il est le personnage principal, et qu'une bonne partie du récit nous est contée à travers son regard, c'est un peu embêtant.

Pour être tout à fait honnête, ce n'est pas parce qu'il ne m'a pas fait grande impression que le personnage est sans intérêt. Au contraire, c'est un personnage ambigu, au départ pétri de bonnes intentions, mais que son séjour au Souffre-Jour transforme, ou plus exactement éclaire sur sa véritable nature, et sur des souvenirs auxquels il ne peut échapper. Ni tout blanc, ni tout noir, il s'efforce de rester sur le droit chemin, mais glisse parfois vers des opinions ou des actions plus tortueuses, le plus souvent à son corps défendant. Peut-être est-ce d'ailleurs ce qui m'a empêchée de véritablement m'attacher à lui, car on ne parvient pas toujours à suivre le même cheminement de pensées que lui. Sans être antipathique, et en restant toujours du bon côté, il se révèle parfois un peu inquiétant.

Somme toute, c'est dommage que ces détails m'aient empêchée de m'immerger complètement dans ma lecture, car j'ai en dehors de cela été complètement charmée par l'imagination déployée par l'auteur dans un livre qui reste au final relativement court (sa principale faiblesse, je pense, car il y a tellement de bonnes idées qu'elles auraient gagné à être plus développées, quitte à ralentir un peu le rythme, s'étendre un peu plus sur les personnages ou l'univers. D'autant que l'écriture est vraiment très agréable). Tout en reprenant des idées parfois classiques en fantasy (à commencer par le concept d'« école de magie » et des créatures magiques, comme les lutins, fées, farfadets et autres), l'auteur parvient à les renouveler en leur conférant des caractéristiques originales (les fées accoucheuses d'âmes, les enseignements particuliers du Souffre-Jour...)

Les différentes formes de magie sont parfaitement imaginées, entre les différentes familles d'Accordés, la magie des Danseurs, les Jornistes, Eclipsistes et Obscurantistes... j'ai été ravie de voir que, contrairement aux apparences, il n'y avait pas réellement de manichéisme à ce niveau. Les Jornistes (la « magie blanche ») ne sont finalement que peu évoqués, mais les Obscurantistes ne sont pas relégués d'offices du côté des "méchants". Malgré l'horreur qu'inspirent leurs procédés, on leur reconnaît des qualités dans la pratique de la magie, on parvient même à s'en faire des alliés. On ne peut décemment accepter la cruauté dont ils font preuve avec les Danseurs, mais on se voit obligé de composer avec eux, bon gré mal gré. Chaque ordre a ses défenseurs et détracteurs, et cela empêche de voir finalement tout noir ou tout blanc.

Bref, je ne vais pas m'étendre plus longtemps. Finalement, j'ai quand même plutôt aimé ce livre, il y a vraiment beaucoup de choses à garder, beaucoup de bonnes idées! Mais je suis surtout frustrée que beaucoup de points et de personnages que j'aurais aimé voir développés ne soient qu'effleurés, et que certaines évolutions de l'intrigue soient trop rapides. D'autant que, si j'ai vraiment aimé les deux premières parties, j'ai un peu moins accroché à la troisième. Néanmoins, la richesse de l'univers imaginé, et la plume de l'auteur m'ont tout de même convaincue, en dépit des petits bémols, et je compte bien poursuivre avec d'autres de ses œuvres!

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