vendredi 29 juin 2012

L'Enchanteur - René Barjavel



Qui ne connaît Merlin ? Il se joue du temps qui passe, reste jeune et beau, vif et moqueur, tendre, pour tout dire Enchanteur. Et Viviane, la seule femme qui ne l'ait pas jugé inaccessible, et l'aime ? Galaad, dit Lancelot du Lac? Guenièvre, son amour mais sa reine, la femme du roi Arthur ? Elween, sa mère, qui le conduit au Graal voilé ? Perceval et Bénie ? Les chevaliers de la Table Ronde ? Personne comme Barjavel, qui fait le récit de leurs amours, des exploits chevaleresques et des quêtes impossibles, à la frontière du rêve, de la légende et de l'Histoire. Dans une Bretagne mythique, il y a plus de mille ans, vivait un Enchanteur. Quand il quitta le royaume des hommes, il laissa un regret qui n'a jamais guéri. Le voici revenu.

Pour un premier Barjavel, j'avoue avoir été très contente de la découverte, malgré le retard que j'ai pris sur la date de la LC, j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre les aventures de Merlin et des chevaliers de la table ronde de la plume de ce romancier.

J'ai d'abord apprécié son écriture qui peut être simple et lyrique, avec de petites touches d'humour qui allègent la narration parfois assez dense. Si j'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire au début, je me suis rapidement habituée à ce style poétique et un peu distant, qui nous donne parfois l'impression de surplomber les événements, un peu à la manière, précisément, de l'Enchanteur qui essaye de jongler entre les différentes destinées des personnages, sans avoir l'air d'y toucher.

Barjavel nous livre ici une réécriture très personnelle de la légende du Roi Arthur et de la Table Ronde, où Merlin tente de tirer les ficelles de la Quête du Graal sans pour autant avoir prise sur tous les événements. Si beaucoup de personnages que nous connaissons sont cités, le récit se concentre surtout, outre Merlin et Viviane, sur quelques-uns des plus importants: Arthur, Perceval, Lancelot ou encore Gauvain. Les autres s'ils apparaissent fréquemment dans le récit on des rôles un peu plus secondaires, et l'on s'y attache beaucoup moins qu'aux quelques principaux que l'on suit à tour de rôle dans leur quête, non seulement celle du Graal, mais aussi parfois simplement la quête de leur identité ou de leur valeur (qui viennent finalement rejoindre la Quête du Graa).

Le récit tourne essentiellement autour de cette quête du Graal, dont le problème n'est pas tant de savoir où il se trouve que d'avoir une personne digne de le retrouver. Ainsi, on voit plusieurs chevaliers se succéder, sous l'oeil attentif de Merlin, pour le retrouver, et tous d'une façon ou d'une autre, faillir, par amour, ou par ignorance. Et l'on se doute à chaque fois que quelque chose va aller de travers, car même lorsqu'il semble parfait pour accomplir la quête, le personnage trébuche avant d'arriver au but, parfois sans même en avoir conscience. De ce point de vue, j'ai vraiment aimé le personnage de Perceval et son innocence qui, tout en le rendant attachant, l'empêche également de prendre la mesure des situations, et l'amène, en toute bonne foi, à faire des erreurs malgré tout.

J'ai beaucoup aimé également le personnage de Merlin, qui semble essayer d'orchestrer toute cette quête, et qui pourtant ne peut pas avoir prise sur tout. Son histoire avec Viviane est très belle et très touchante. Mais malgré tous ses pouvoirs, et la manière dont il semble tirer les ficelles de l'intrigue, en tâchant de former le chevalier parfait pour découvrir le Graal, il se trouve tout de même parfois pris en défaut, notamment à cause des intrigues du Diable et de Morgane, qui prennent un malin plaisir à contrecarrer les entreprises de Merlin. Mais il faut bien avouer que les échecs ne sont pas uniquement dus à ces deux opposants, et que la faiblesse réside bien le plus souvent dans les personnages eux-même. J'ai trouvé assez intéressante cette manière de faire intervenir le Mal absolu sans pour autant le rendre responsable de toutes les fautes.

Bref, c'était mon premier Barjavel, et j'ai été séduite par ce roman à la fois très poétique et pourtant raconté de manière très légère, avec une certaine distance qui fait un peu penser à l'atmosphère d'un conte ou d'une légende. J'ai trouvé très intéressante cette réécriture de la légende arthurienne et la manière dont sont mis en scène les personnages, notamment avec toute l'ambiguïté qui tourne autour de l'amour et des actions qu'il peut inspirer aux personnages. C'est un livre qui mérite certainement une relecture (dans un moment un peu plus favorable en ce qui me concerne) et qui me donne également envie de poursuivre avec d'autres ouvrages de cet auteur.

Un livre lu dans le cadre de la LC organisée par Vashta Nerada, avec












dans le cadre du challenge Fantasy sous un chêne

et du challenge Légende Arthurienne

4 commentaires:

  1. Très belle chronique. J'ai rajouté ton lien sur mon blog.
    Le grand secret de Barjavel est super également.
    Bisous

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    1. Merci ^^! On m'a également prêté La Nuit des Temps qui à l'air bien aussi, et je vais ajouter Le grand secret à ma wish-list, l'Enchanteur m'a vraiment donné envie de découvrir un peu mieux cet auteur ^^!

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  2. A la fois le moins représentatif et l'un des plus réussis des romans de Barjavel. Ce qui est bien avec les légendes arthuriennes, c'est que chacun peut y aller de sa vision des choses. De mon côté, celle de Barjavel m'enchante.

    Merci pour cette chronique. Attention : ouvrage culte !

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  3. Belle chronique ^^ Ça donne très envie, je voulais le lire cette année mais je n'ai pas eu le temps et là tu m'as convaincue, ce sera une de mes prochaines lectures arthurienne :D

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