jeudi 19 juillet 2012

Le Lion de Macédoine, tome 1: L'Enfant maudit - David Gemmell


Sang mêlé né d'un père spartiate et d'une mère macédonienne, Parménion a bien du mal à se faire une place parmi les autres jeunes spartiates qui le considèrent comme un étranger. D'autant plus de mal qu'il est sans le savoir promis à un grand destin, et que la prêtresse Tamis veille à ce qu'il soit prêt à l'accomplir. Lorsque les lois de la cité lui enlèvent la femme qu'il aime, Parménion n'a plus qu'un désir: la vengeance. Dès lors, il est prêt à tout pour abattre Sparte, et devenir ainsi le Lion de Macédoine et la Mort des Nations.

Après une première expérience intéressante mais un peu mitigée avec Légende, j'ai voulu voir ce que pouvait faire David Gemmell sur un thème que j'apprécie tout particulièrement, à savoir l'antiquité grecque. Plus particulièrement à l'époque classique, puisque le récit se déroule entre 389 et 379 avant J.C., alors que la puissance athénienne n'est plus qu'un souvenir, et que Sparte s'est imposée comme puissance hégémonique dans le monde grec. Et j'ai été agréablement surprise, car j'ai adhéré assez facilement au récit des aventures de Parménion.

Malgré son ancrage historique, on a affaire ici clairement à un récit de fantasy, non seulement avec la présence de la magie (à travers la prêtresse Tamis entre autres) mais également parce qu'il relate surtout l'histoire d'un jeune héros, au premier abord quelconque, mais promis à un grand destin, et l'on sent se profiler en filigrane dès ce premier tome une lutte entre le bien et le mal, entre la Source et le Chaos. Même si ce côté manichéen est tempéré par le caractère humain des personnages, qui sont rarement présentés comme tout blancs ou tout noirs, on voit déjà se profiler dans ce premier tome l'ombre d'un mal auquel Parménion sera sans doute un jour ou l'autre confronté. Mais la menace est encore assez voilée, et ce qui domine surtout ici est le récit de la jeunesse de Parménion et la montée progressive de sa haine de Sparte jusqu'à ce que la vengeance devienne son unique objectif.

Ce qui m'a plu (mais que j'avais déjà apprécié dans Légende, en fait) est le côté humain que l'on ressent chez tous les personnages, qui sont capables du meilleur comme du pire. A commencer par Parménion qui nous apparaît dès le début comme un garçon sympathique, prêt à rendre service, dévoué à ceux qu'il aime, mais chez qui l'on perçoit rapidement quelque chose d'un peu inquiétant. Les difficultés que lui causent les autres, s'il est toutefois agréable de voir que Parménion ne se laisse pas marcher sur les pieds sans réagir, engendrent néanmoins une dureté chez ce personnage qui peut le rendre effrayant, voire presque antipathique. Quant à son ennemi juré, Léonidas, malgré son arrogance, il fait preuve à plusieurs reprises d'un certain sens de l'honneur et du mérite, ce qui nous empêche de le détester totalement. Les personnages, malgré leurs qualités exceptionnelles, s'avèrent au final simplement humains, sujets à faire des erreurs de jugement et à agir de façon aussi bien admirable que méprisable.

Cela vaut également pour le personnage le plus mystérieux du roman, à savoir la prêtresse Tamis. Elle semble orchestrer le destin de Parménion pour une cause qui nous est révélée de façon encore assez nébuleuse, et bien que cette cause semble juste, elle ne semble pas employer à cet effet les moyens les plus honorables. C'est un personnage qu'il est difficile d'aimer ou de détester surtout dans la mesure où il est difficile de la situer véritablement. Elle semble vouloir lutter contre le mal, mais emploie t-elle les bons moyens pour cela? Elle s'attache à la destinée de Parménion, mais jusqu'où peut-elle manipuler et aiguiller cette destinée? Et est-il d'ailleurs souhaitable qu'elle interfère à ce point? On ne sait finalement pas réellement si elle en sait plus que les autres et persiste en connaissance de cause, ou si elle n'en fait qu'à sa tête, sans en mesurer toutes les conséquences. C'est ce qui rend ce personnages assez intéressant, bien qu'il ne soit pas réellement sympathique.

Bref, c'est encore une fois de la fantasy un peu brut de décoffrage, mais qui est sans doute passée un peu mieux que la première fois en ce qui me concerne, étant donné le contexte de l'antiquité grecque et particulièrement de Sparte Je reprocherais quand même toujours un côté un peu « sec » dans la narration, qui mériterait parfois de s'attarder un peu sur les sentiments des personnages, leurs débats intérieurs et les raisons de certaines de leurs décisions, surtout en cas de revirements inattendus. Mais dans l'ensemble j'ai quand même passé un bon moment en compagnie de Parménion, et d'autres grecs illustres (Agésilas, Xénophon ou Epaminondas, pour ne citer qu'eux) et je lirai sans doute la suite de cette saga avec plaisir!

Un livre qui compte pour le Challenge ABC- Littératures de l'Imaginaire

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