dimanche 23 septembre 2012

Temps Lecture n°5/ Arcanes Féériques: Carnet de voyage de Sinane l'Enchanteur - Mathieu Gaborit & Amandine Labarre

Avec pas mal de retard, pour cause de travail personnel, je me lance pour ce cinquième Temps Lecture, dans ce très bel album, écrit par Mathieu Gaborit et illustré par Amandine Labarre, que j'ai déniché complètement par hasard à l'occasion de la braderie de Lille.
(quatrième de couv)
Gaïa, mère de toutes Natures, se meurt. Onirios, le chat ailé, fait comprendre à Sinane qu'il est l'Enchanteur, élu pour la sauver. Le farfadet magicien parcourt alors le monde pour sauver l'une après l'autre les fées qui nourrissent Gaïa de leur magie lumineuse. Ceci est son carnet de route, le récit de sa quête aventureuse...

Les participants pour cette fois sont mamoun, avec le meilleur des jours de Yassaman Montazam, et June, avec La réparation de Colombe Schneck.

15h50: Bon, étant donné que j'ai déjà 1h50 de retard sur l'horaire prévu à la base, quelques minutes de plus ou de moins ne changeront pas grand chose: je vais me faire un petit cappuccino, et j'attaque ma lecture. le livre en lui-même est déjà un très bel objet, et comme je lis assez rarement ce genre de beaux-livres, cela change assez agréablement dès le départ! Au feuilletage, le ton général est essentiellement vert, brun, couleur vieux parchemin, parsemé de lignes d'écriture manuscrite en arrière-plan, de croquis... bien dans le ton d'un carnet de voyage féérique ^^!

16h08: Le ton du livre est donné dès les premières pages. J'avais eu l'occasion de découvrir le style de Mathieu Gaborit avec les Chroniques des Crépusculaires, et je trouve que ce style à la fois simple et poétique, presque lyrique, se prête assez bien à l'atmosphère qui se dégage de l'ouvrage: celle d'un univers magique, en communion avec la nature, un peu mélancolique. Sinane, le personnage principal et narrateur, s'adresse directement à un Homme inconnu qui l'a marqué malgré lui dès la naissance, et cela rend le ton du texte un peu triste, en demi-teinte. Cette interpellation, loin d'être directement accusatrice est au contraire assez douce, avec une pointe de regret et de résignation. Encore une fois, la plume de Mathieu Gaborit s'y prête assez bien et les couleurs données au livre (vert, brun, les illustrations en sépia d'Amandine Labarre) permettent une rapide immersion dans cet univers. Ce n'est pas joyeux, mais c'est vraiment beau.

16h23: Le récit s'assombrit encore, et le ton, toujours aussi beau et poétique devient par contre beaucoup moins doux. Sinane est un personnage que l'on sent torturé, et il évoluera certainement encore avant la fin de l'ouvrage. L'association du texte et des images fait que, en quelques pages, on parvient facilement à concevoir ce qui se trame dans la tête du personnage, à prendre pied dans cet univers et à s'en imprégner. Alors même que les transitions sont assez saccadées, précisément à la manière d'un carnet de voyage, et que les passages narratifs sont en définitive relativement brefs.

16h45: La quête de Sinane se poursuit, et je trouve assez intéressant le contraste constant entre la violence des hommes (des combats, des guerres, des attaques de monstres, autant d'éléments brutaux et agressifs la plupart du temps associés aux semblables de l'interlocuteur anonyme du narrateur, qui deviennent presque choquants lorsqu'ils s'appliquent à des créatures du monde de Sinane) et la douceur, la délicatesse, la poésie qui caractérise toutes les évocations de la nature, des créatures féériques. Il y a constamment un va et vient de l'un à l'autre, qui fait que le ton du récit oscille presque en permanence entre des aspects très sombres et d'autres très lumineux. Et l'on a du mal à déterminer si Sinane considère l'Homme auquel il s'adresse comme un coupable, à l'instar de l'ensemble de son espèce, ou simplement comme une victime de sa propre ignorance.

17h01: Malgré tout, j'aime beaucoup aussi le côté un peu dangereux associé aux fées. Sans violence, mais simplement sauvage, comme une force de la nature. On a l'impression à la lecture que les créatures féériques ne sont pas forcément inoffensives, non parce qu'elles sont mauvaises, mais parce que le danger est dans leur nature. Tout comme les hommes peuvent parfois faire du mal inconsciemment, alors même qu'ils ne paraissent pas a priori bien menaçants, et ne sont même pas forcément mauvais. On a encore une fois un va et vient entre douceur et danger qui dépasse une opposition purement manichéenne entre les Hommes et le monde féérique. Sans compter l'imagination de l'auteur qui fait rêver simplement grâce à sa capacité à employer des noms aux sonorités harmonieuses, et les dessins qui illustrent bien le côté sombre et délicat de l'ensemble du récit. Pour l'instant en tout cas, je suis plutôt conquise par le tout, même si les éléments s'enchaînent avec une certaine rapidité (mais néanmoins de façon fluide.)

17h45: Et voilà ma lecture terminée!

J'ai vraiment passé un excellent moment avec ce livre magnifiquement illustré, servi par une plume poétique, parfois lyrique et pourtant simple et efficace. Même s'il se lit assez vite, on s'imprègne très rapidement de l'atmosphère onirique, un peu sauvage, en constant balancement entre clarté et obscurité, douceur et violence. J'ai été un peu perturbée parfois par l'enchaînement rapide des éléments, le côté elliptique que l'on peut associer au style du carnet de voyage. Mais cela ne m'a pas empêchée d'être sensible à l'évolution du personnage de Sinane tout au long du livre, d'un personnage au départ déchiré, qui peu à peu découvre sa place et son rôle dans le monde, au travers d'une quête par laquelle il pourra sauver non seulement Gaïa, mais également lui-même. L'ensemble est narré tout en délicatesse et en finesse, aussi bien à travers les mots qu'à travers les illustrations, même lorsque le récit se fait plus sombre ou plus violent. J'ai beaucoup aimé le message final, simple et pourtant assez percutant, tout en étant très beau. Cela reprend le thème assez commun du rapport entre l'homme et la nature, du respect de la vie et de sa fragilité, mais avec beaucoup de poésie, et une simplicité qui m'a touchée.

Bref, même si je n'ai pas l'habitude des beaux-livres, j'ai néanmoins été charmée par celui-ci, tant au niveau des illustrations que de la narration, et je le relirai certainement à l'occasion, pour apprécier la prose de Mathieu Gaborit, et le très joli coup de crayon d'Amandine Labarre.

2 commentaires:

  1. Ça fait penser aux elfes !! merci de ton partage ;-) effectivement le livre est très beau ... pour ma part ce temps lecture s'est avéré difficile par le thème du livre !

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  2. Il a l'air super chouette ce livre! Je note je note!

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