mercredi 9 septembre 2015

La Mécanique du Coeur - Mathias Malzieu


Edimbourg, 1874 : le jour le plus froid du monde. Lorsque Jack naît, son cœur gelé se brise immédiatement. La sage-femme le remplace par une horloge et le sauve.
Depuis lors, il doit prendre soin d'en remonter chaque matin le mécanisme. Mais gare aux passions ! Le regard de braise d'une petite chanteuse andalouse va mettre le cœur de Jack à rude épreuve...

Je n'ai vraiment pas souvent ce genre de déceptions. Autant dire jamais, car j'ai rarement de réelles attentes sur un livre, et quand j'en ai, elles sont la plupart du temps plus ou moins comblées. Mais là, je devais avoir des attentes vraiment trop élevées. J'ai tout d'abord vu Jack et La Mécanique du coeur au cinéma, film que j'avais trouvé très touchant, très mignon, un peu étrange, mais plein de couleurs, de sons, d'émotions qui accompagnaient efficacement la loufoquerie de l'histoire. Charmée, j'ai aussitôt fait l'acquisition de l'album de Dionysos, dont j'aime les musiques originales à base de coucous, d'engrenages et de machines à vapeur. Je m'attendais à ce que la magie qui avait fonctionné avec le film et la musique opère tout aussi bien avec le roman... et boum! Quelle désillusion! Je me suis ennuyée du début à la fin.

Parlons tout d'abord du style de Malzieu puisque c'est en général ce qui frappe dans ses romans. Il est rythmé, musical, original, plein de métaphores, de jeux de mots inattendus... mais je n'arrive pas à le qualifier de poétique, tant je l'ai trouvé, au contraire, lourd à force de vouloir faire dans le fantasque. Ce style m'a paru complètement artificiel et poussif, et à force d'essayer de faire des jolies phrases et des métaphores, Malzieu noie complètement son histoire, qui passe du coup totalement au second plan. Ce ne serait d'ailleurs pas si gênant si le style était réellement joli et poétique, mais ce côté forcé dans l'écriture m'a plutôt donné l'impression d'une bouillie ennuyeuse et sans saveur.

C'est vraiment dommage car le postulat de départ est original et touchant, ce petit garçon qui a une horloge à la place du coeur, et qui ne peut pas aimer comme il le voudrait. Mais la façon dont est géré le récit empêche de se sentir impliqué, de s'attacher aux personnages qui sonnent désespérément creux (le héros est d'abord un bébé, puis un enfant, puis un ado, mais du début à la fin, il exprime des émotions et des désirs d'adulte, sans aucune gradation ou évolution, ce qui rend cette histoire plus ridicule que touchante en fin de compte). Les événements s'enchaînent sans queue ni tête (Jack l'Eventreur fait une apparition d'une page au milieu du récit... et disparaît. Pourquoi? Comment? Quel intérêt? Cette apparition n'a pas plus de sens dans le film, mais elle est au moins un prétexte à une scène angoissante et hallucinée doublée d'un moment musical assez percutant. Dans le livre, c'est juste n'importe quoi) et la fin tombe complètement à plat. J'ai refermé le livre en me disant que ça valait bien la peine de faire tout un foin pendant 150 pages si c'était pour finir là dessus.

D'autre part, je ne sais pas trop ce que Malzieu a essayé de faire avec ce livre. Si c'était pour lui donner une dimension de conte, de récit onirique, pourquoi placer ce récit dans un cadre réel? Pourquoi d'ailleurs se placer dans un cadre réel (Edimbourg, 1874) si c'est pour n'exploiter ni la géographie, ni le cadre temporel? On mentionne des lieux, des personnages, mais ils pourraient aussi bien être des lieux ou des personnages imaginaires... introduire Georges Méliès dans le récit, pourquoi pas, mais pour le rôle qu'il joue, n'importe quel horloger aurait fait l'affaire... Je n'ai rien contre le fait de mélanger imaginaire et réalité quand cela sert le récit, mais là, j'ai trouvé que cela n'avait pas d'intérêt. Cela dit, le livre m'a tellement assommée que je n'y ai pas vraiment réfléchi non plus.

En somme, j'ai trouvé ce livre avant tout verbeux et très superficiel. Du début à la fin, on dirait que l'auteur essaye de faire oublier la faiblesse de l'histoire par la surenchère du style. J'ai eu la désagréable impression que le roman s'écoutait parler au lieu de raconter une histoire et j'ai détesté cela. Ce souci du bon mot, de la phrase originale, passe très bien dans une chanson, où le rythme et la musicalité priment, mais m'a vite cassé les pieds sur 150 pages. D'autant plus que certaines phrases, qui renvoyaient directement aux paroles des chansons, ne faisaient que renforcer la fadeur du récit en comparaison.

Bref, malgré mes espérances, je n'ai pas été du tout convaincue par ce livre. Je retenterai probablement avec un autre livre de Malzieu, sans être influencée par la musique ou une éventuelle adaptation cinématographique, pour voir si ma déception vient vraiment de ce livre en particulier ou si cet auteur ne passe vraiment pas avec moi.

Mais rendons tout de même à César ce qui est à César et à Malzieu ce qui est à Malzieu, La Mécanique du Coeur est un album qui déchire.


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