dimanche 8 octobre 2017

Les Etoiles s'en balancent - Laurent Whale


Tom Costa est troqueur. Mais pas un rampant, non. En ce futur troublé, il survit. D’une ville-état à l’autre, à bord de son ULM, il chine et glane sa subsistance.
Et puis, il y a San, la douce, la lionne. La famille aussi.
Pourtant, venu du nord, un péril plus grand que les bandes de chiens sauvages, les hors-murs, la famine et les parias le guette.
Agir, pour ne pas mourir. Tandis que, de là-haut, LES ETOILES S’EN BALANCENT...

Après Les Pilleurs d'âmes et Le chant des psychomorphes, deux romans du même auteur que j'avais adorés, il m'a fallu beaucoup de temps pour me plonger dans Les étoiles s'en balancent. Pourtant, vu mes expériences précédentes, j'aurais dû partir plutôt confiante, mais le côté post-apocalyptique de ce roman-ci me parlait beaucoup moins que la SF historique ou le space-opera des deux autres romans. Je l'ai finalement sorti de ma PAL pour le challenge de la Coupe des Quatre Maisons et... même si j'y ai retrouvé ce que j'aimais chez Laurent Whale, j'ai été, dans l'ensemble, un peu moins enthousiaste que pour ces deux précédents romans.

Je n'ai pas passé un mauvais moment, loin de là, pourtant. Comme toujours, la plume de Laurent Whale est vive et incisive, et c'est en grande partie ce qui rend son personnage principal furieusement attachant. On se sent très proche de Tom Costa, on partage ses sentiments, ses doutes, ses peurs mais aussi ses amours et ses haines. C'est lui qui porte tout le roman, passant d'un homme un peu anarchiste et individualiste à un véritable chef d'escadrille, et l'on suit sa progression avec plaisir, on tremble aussi pour lui parfois, et on ne peut s'empêcher, par extension, d'éprouver de l'affection pour son entourage (à part peut-être San, mais j'y reviendrai.)

L'univers, même s'il faut reconstruire petit à petit au fil du roman comment on en est arrivé là, est plutôt intéressant. Les différentes villes-états, les hors-murs et la menace qu'ils représentent, les jeux de pouvoirs auxquels se livrent les différents dirigeants ainsi que la menace anonyme qui pèse sur cette France post-apocalyptique... tout est fait pour maintenir la tension, pour créer un univers sombre, dur, où l'espoir est une denrée rare. Tout cela est un peu contrebalancé, pourtant, par Tom Costa lui-même et son métier d'aviateur, qui lui confère une liberté de mouvement presque luxueuse dans cet univers où, en dehors des murs de la ville, le danger règne. Mais il y a quelques moments très tendus, où Tom Costa se retrouve dans des situations pas très reluisantes, sans son engin volant sous la main, et où l'on craint vraiment pour sa vie.

D'une manière générale, l'intrigue est plutôt bien équilibrée entre les moments d'action et les moments de pause. On ne s'ennuie jamais à la lecture sans pour autant être submergé par un enchaînement de péripéties qui ne permettent pas de reprendre son souffle. La où le bât blesse un peu, pour moi, c'est au niveau des enjeux de l'intrigue, qui sont restés un peu flous, notamment dans la deuxième partie du roman. La menace des "noirs", même une fois identifiée, reste relativement anonyme. Certains retournements de situation sont prévisibles très tôt, d'autres restent imprévisibles principalement parce qu'ils ne sont pas très cohérents (je n'ai pas cru une seconde, par exemple, à cette histoire du "Khan", à la fin du roman...) D'une manière générale, dans la deuxième partie du roman, Tom Costa se retrouve malgré lui pris dans un engrenage qui le dépasse, et qui d'une certaine manière nous dépasse aussi. Il est un peu difficile de s'intéresser vraiment aux enjeux principaux du récit, une fois qu'il est admis que le héros ne pouvait rien y changer.

Enfin, le plus gros reproche que j'aie à faire à ce roman est son traitement des personnages féminins (je pourrais même dire "du" personnage féminin, parce qu'il n'y en a qu'un seul, vraiment, qui soit nommé et qui ait un minimum de répliques.) On pourrait arguer que San est le moteur du héros, sa raison de vivre, et que par conséquent, elle est essentielle à l'intrigue, ou encore que les autres personnages féminins, même s'ils sont anonymes, occupent des positions d'autorité dans leur camp... mais voilà le problème : il n'y a aucun vrai personnage féminin dans ce roman. San est la seule à être nommée, elle est présente sur une dizaine de pages en tout, durant lesquelles elle est d'une passivité désolante, et le reste du temps, elle passe par tous les clichés possibles et imaginables : femme-féline, femme-enfant, demoiselle en détresse... Et les femmes-leaders auxquelles est "confronté" Tom Costa ne rattrapent pas cet aspect du roman, car... elles n'ont aucun rôle dans le récit. Littéralement, la seule chose que l'on sache sur elles, c'est que ce sont des femmes (ce qui est assez léger, quand même.) Il est par conséquent difficile de s'attacher au personnage de San, qui reste un fantasme dans la quasi-totalité du roman, et les états d'âme de Tom Costa la concernant m'ont vraiment laissée de marbre (ce qui est un peu gênant si l'on considère qu'elle est sa principale motivation durant toute la dernière partie du livre.)

Bref, j'ai apprécié ma lecture notamment toute la première partie durant laquelle on découvre l'univers de Laurent Whale, on observe les différents jeux de pouvoir entre ville-états, on essaye d'identifier un ennemi encore inconnu. Les personnages qui entourent Tom Costa sont attachants et j'ai principalement eu un faible pour Miki, Armand et Cheyenne. Mais je suis restée un peu confuse face à quelques éléments de l'intrigue, et j'ai eu du mal à avoir autant d'intérêt pour la dernière partie du roman, où Tom Costa est un peu forcé à la passivité. Enfin, c'est peut-être moi qui ai loupé des informations, mais j'ai eu l'impression que les intentions des antagonistes n'étaient jamais vraiment très claires, que leurs motivations restaient très vagues (du type "dominer le monde") et cela m'a un peu perturbée. Malgré tout, je compte bien lire la suite, Les Damnés de l'asphalte, ne serait-ce que pour retrouver cette galerie de personnages si sympathiques et la plume de Laurent Whale!

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