dimanche 18 février 2018

The Host - Stephenie Meyer

Melanie Stryder refuse de disparaître. Le monde a été envahi par un ennemi invisible, qui s'empare de l'esprit des humains tout en laissant leurs corps intacts. Mais Wanderer, l'âme qui occupe à présent le corps de Melanie, se heurte à la volonté de sa propriétaire, qui refuse de lui abandonner son esprit. Melanie inonde les pensées de Wanderer d'images de Jared, un humain qui a échappé à l'invasion, et Wanderer se met peu à peu à nourrir des sentiments à son égard. Très vite, Melanie et Wanderer sont forcées de s'allier pour retrouver la trace de l'homme qu'elles aiment...

Je n'imaginais pas lire à nouveau du Stephenie Meyer après la déception engendrée par Twilight. Heureusement, The Host traînait dans ma PAL depuis déjà un petit bout de temps et, encouragée par l'adaptation que j'avais vue lors de sa sortie au cinéma, je me suis lancée dans le roman, avec un mélange d'appréhension et de curiosité. Une appréhension qui a bien vite disparu, car dès les premières pages, j'ai été happée dans l'univers de The Host, auprès de Wanderer et Mel.

La principale différence avec Twilight, et ce qui fait que j'ai bien mieux accroché à ce roman, c'est d'abord la réalité des enjeux qui nous sont présentés. La Terre est envahie par une espèce extra-terrestre, certes pacifique, mais qui n'en a pas moins anéanti l'espèce humaine en parasitant les corps et en réduisant au silence les consciences qui les habitaient. Tout le roman nous est raconté du point de vue de Wanderer, alias Wanda, implantée dans le corps de Melanie, une humaine bien décidée à ne pas abandonner son corps si facilement. Dès le début du récit, le problème est posé : Wanda et Mel ne pourront pas continuer indéfiniment à se battre pour le même corps. Il faudra que l'une des deux cède, et si l'on a envie que Mel récupère la maîtrise de ses mouvements, Wanda est trop attachante pour que l'on ait envie qu'il lui arrive malheur.

J'ai trouvé très ingénieux, de la part de Stephenie Meyer, de faire de ses envahisseurs une espèce fondamentalement non belliqueuse. Cela met immédiatement le lecteur face à une contradiction difficile à résoudre : on a envie d'être du côté des humains qui se sont fait envahir, qui ont été décimés et à qui l'on a volé non seulement leur planète, mais leurs êtres chers et jusqu'à leurs propre corps. Mais d'un autre côté, les âmes sont fondamentalement altruistes et bienveillantes, en dépit de leur nature parasite, et il est difficile de les considérer uniquement dans un rôle d'antagoniste, d'autant plus que l'on se place dès le début du point de vue de Wanda.

Et tout se complique quand Wanda rejoint, sur les indications de Mel, une petite communauté d'humains menée par Jeb, l'oncle excentrique de Mel, et qui abrite entre autres, Jamie, son petit frère, et Jared, son petit ami. Dès lors, les péripéties deviennent plutôt intérieures : d'une part on assiste à l'intégration progressive de Wanda au cœur d'une communauté d'être humains qui la considèrent comme un monstre et qui vont apprendre à l'accepter (ou pas) petit à petit. De l'autre, la confusion de sentiments chez Wanda et Mel, deux entités différentes qui partagent un même corps, un corps un peu frustrant ressent des émotions contradictoires et qui ne fait pas toujours ce que l'une ou l'autre veut. L'action du roman est très concentrée sur les émotions de Wanda, sa découverte et sa compréhension progressive des humains, mais aussi l'évolution de sa relation avec Mel, ainsi qu'avec les autres habitants de la colonie (notamment Jared, et bien sûr Ian, qui, lui n'a jamais rencontré Mel.)

L'un des autres points forts de ce livre, en tout cas en ce qui me concerne, c'est que le soi-disant triangle amoureux, d'une part n'en est pas vraiment un, et d'autre part est rarement mis au premier plan. La relation qui m'a le plus touchée ici est surtout l'amour que partagent Wanda et Mel pour Jamie, mais également le lien très fort qui finit par unir Wanda et Melanie elles-mêmes. J'ai l'impression que ces deux personnages auraient pu être parfaitement inspides séparément, mais que leur tandem, au contraire, fonctionne à merveille. Elles ont juste le bon équilibre entre antagonisme et complémentarité. Le fait que Wanda soit une alien permet d'expliquer certaines de ses actions un peu irrationnelles, comme son altruisme presque excessif, et la marge de manoeuvre très réduite de Melanie justifie, à mon sens, son obsession un peu monomaniaque pour Jared, qui est à la fois proche d'elle et inaccessible. Ce qui aurait pu être très pénible chez un personnage humain normal, s'explique au contraire très bien dans la situation unique partagée par l'alien et l'humaine.

J'ai ressenti tout de même quelques longueurs dans la deuxième partie, au moment où justement le triangle amoureux prend un peu plus d'importance (jamais trop, heureusement). Ian notamment (pour lequel je ne cache pas avoir eu un petit crush dans la première partie) devient particulièrement relou dès lors qu'il se met en tête de séduire Wanda, et sa manie de chercher à la toucher par tous les moyens dès qu'il est près d'elle (en lui prenant la main, en posant la main sur sa cuisse, en lui passant le bras autour des épaules et j'en passe) m'a donné envie de lui botter le derrière. D'une manière générale, j'ai eu l'impression que le roman appuyait un peu trop l'idée qu'un homme n'a qu'à insister pour qu'une femme qui lui résiste lui tombe dans les bras, une idée avec laquelle j'ai beaucoup BEAUCOUP de mal. Heureusement, ce n'est pas systématique, mais assez pour me crisper un chouïa quand même.

Bref, malgré ces quelques défauts, c'est vraiment une très chouette découverte. Le roman est bien plus mature que Twilight, les enjeux sont bien plus intéressants et les personnages sont rendus très attachants par les dynamiques qui les unissent. La fin peut paraître un peu facile et prévisible, mais personnellement, elle m'a fait plaisir. J'ai appris que Stephenie Meyer avait envisagé un deuxième tome, mais pour moi, ce premier tome se suffit à lui-même, et il n'a pas besoin d'une suite (je ne serais pas contre quelque chose de différent dans le même univers, mais pour moi, l'histoire de Mel et Wanda est très bien bouclée comme elle est.) Je suis bien contente, du coup, d'avoir dépassé ma mauvaise impression et d'avoir donné une autre chance à cette autrice !

Un livre lu dans le cadre du challenge Coupe des Quatre Maisons

et du challenge ABC Littératures de l'Imaginaire

1 commentaire:

  1. Oui, celui-là était beaucoup plus mature! Tu comptes lire d'autres titres adultes de cette auteure?

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